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En ces temps de crise, ce n'est pas de votre pouvoir d'achat que je vous parlerai. Non, ça c'est le travail des journalistes et des publicitaires qui nous vendent si bien la récession. Je souhaiterais simplement partager quelques réflexions sur le fait que très souvent les chiens des refuges ne bénéficient pas d'une bonne image. C'est injuste, mais ça s'explique.

L'adage est bien connu : « il n'y a pas de fumée sans feu ». Or donc, Lucienne, si un chien a « échoué » là, c'est qu'il y a un problème. D'ailleurs, pour s'en convaincre, il suffit de s'y rendre et de passer devant les boxes : et que je me jette sur la grille en aboyant avec tous mes copains, et que je renverse la gamelle d'eau. Si en plus le candidat est malodorant avec un aspect un peu hirsute, maladif et qu'en plus il pleuve et vente, tout cela n'est pas bien engageant.

Reste à lire la fiche du délinquant : problèmes avec les enfants, avec les autres animaux (bon, on omet quand même soigneusement d'indiquer le nombre de poules au tableau de chasse), dominance, destructions, âge et temps passé en détention. Pour les téméraires qui s'aventureraient à la rencontre, très souvent l'énervement ou l'excitation et le peu de préparation font que la première impression n'est pas nécessairement positive. A cet égard, un petit tour à la chatterie du coin offre un contraste saisissant : tout n'y est que silence, calme, sérénité, positions alanguies, regards indifférents ou au mieux curieux. Ce serait presque à vous faire adopter un chat sur le champ...

Bref, si on sait bien que « les apparences sont parfois trompeuses » on a aussi souvent « raison de penser ce qu'on pense ». Pour autant, les chiens des refuges sont-ils nécessairement tous des cinglés ? Evidemment, non. Il y a mille et une façon d'arriver en refuge. Passons sur l'abandon-vacances, le retrait pour maltraitance et sur le chien ayant eu le malheur de survivre au décès de son maître et pour lequel les héritiers n'ont pas développé la même énergie que pour les histoires de petites cuillères. Parfois, les gens réalisent qu'ils n'ont pas le temps de s'occuper du chien du fait de leur mode ou changement de vie ou bien que les espérances placées dans le physique ne correspondent pas à la réalité du quotidien. Ou encore lui reprochent de l'agressivité voire des morsures, des bêtises, des destructions à répétition, des fugues, toutes choses qui peuvent se régler par un travail adapté et/ou de l'exercice qui fait d'ailleurs cruellement défaut pour 80% de la population canine. En effet, les besoins génétiques des animaux sont souvent ignorés. En particulier, un chien, avant d'être un animal de compagnie, est un animal de meute, qui a besoin de contacts. S'il détruit ce n'est pas qu'il se venge mais qu'il exprime le désespoir de sa solitude (l'expression n'est pas trop forte).

Eh oui, c'est extraordinaire mais un chien est un vrai être vivant, pas livré formaté ! Il y a un investissement à faire dans son éducation, dans l'apprentissage de la vie avec ses maîtres, dans les promenades ou tout simplement dans la clôture de son jardin...Ce qui demande un peu d'argent, du temps et de l'affection, choses dont notre civilisation semble assez peu prodigue. Cependant,je m'aperçois que très souvent les décisions d'abandon sont prises après un peu de bricolage, par ignorance de ce qui peut être fait. C'est en train de changer heureusement, du fait de la plus grande visibilité du travail des professionnels canins. Il n'en reste pas moins que les refuges sont à mon sens un vivier considérable de candidats à l'adoption, d'une grande variété de races,d'âges, de caractères, de physiques. Et on a donc forcément intérêt à s'y rendre : on pourrait bien être surpris que le monstre ayant passé 95% de son temps dans moins de 4 m2 devienne le compagnon affectueux et équilibré de formidables moments si on lui donne une seconde chance et ce dont il a besoin.



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Vos réactions

Par Aurore, le 24-12-2014

Bonjour,
J'ai adopté il y a environ 4 mois deux chiens grigris créoles (une mère et son fils) dans un refuge de ma région.
Et malgré les commentaires angéliques des bénévoles à leur sujet avant l'adoption, je peux dire que mes chers cabots m'en auront fait baver. Destruction, maladies, promenades en mode tractopelle, agressivité vis à vis des autres chiens...
Non, ça n'a pas été rose tout les jours et malgré mes quelques connaissances initiales et mon soucis d'en apprendre chaque jour un peu plus sur les chiens, je me suis souvent retrouvée démunie.
Mais je suis têtue, amoureuse de mes deux grigris, et bien consciente que s'il y a une personne responsable de leur bien-être et de leur sécurité, c'est moi.
Alors, on travaille tout les jours, on progresse, on régresse, on stagne et on avance de nouveau.
Ça fait plusieurs semaines qu'aucun de mes chiens n'a vu le véto, je les promène en harnais, plus de casse à la maison depuis un bon moment, et mon grand dadais s'est même fait quelques copines au parc.
C'est en allant signer l'adoption définitive que certains bénévoles ont fini par m'avouer à quel point mes chiens avaient été difficiles à gérer au refuge, racontant à demi-mot les bagarres, les otites à répétition et les malheureuses jeunes filles de bonne volonté traînées à plat ventre par " deux fous furieux".
Je ne sais pas si ces récits m'auraient refroidie s'ils m'avaient été racontés avant l'adoption. Je crois, en revanche, qu'ils m'auraient aidée à comprendre plus vite et mieux.
Je ne blâme pas le refuge, qui devait être bien content de voir deux de ses pensionnaires partir. Mais je pense qu'une telle expérience aurait aussi pu mener à un nouvel abandon. (bonjour l’ascenseur émotionnel, dites donc!).

Alors non, les chiens de refuge ne sont pas "barrés", irrécupérables ni délinquants. En revanche, il est possible que certains aient des particularités, des difficultés que les adoptants devraient connaitre pour y répondre au mieux, seuls ou avec de l'aide si nécessaire. (Remarquez, cela vaut aussi pour les chiens issu d'élevage ou d'ailleurs.)
Il me semble alors que c'est aussi de la responsabilité des refuges, et dans l’intérêt des animaux, que de dire aux adoptants potentiels TOUT ce qu'il y a à dire sur l'animal.

Pour finir sur une note gaie (quand même), ma meute humains/chiens va bien, on bosse, on s'aime, on joue, on râle et on vit ensemble. Je n'imagine plus ma vie sans les réveils à coups de truffes froides, les balades matinales et sessions de baballes effrénés dans le salon.
Je les aime, mes royal-bourbons.

Par Capucine, le 05-03-2014

Les refuges sont aux antipodes des animaleries car les les bénévoles connaissent parfaitement le caractère et les besoins du chien et peuvent conseiller d'éventuels adoptants sans arrière pensée financière

Le seul crime de ces animaux qui finissent derrière des barreaux c'est d'avoir été abandonné à la veille des vacances ou par des héritiers qui préfèrent les biens financiers plutôt que les "meubles à puces" ou de ne plus être à la mode ou bien encore d'avoir grandi trop vite et de commencer à représenter une charge importante pour les frais vétérinaires que l'on ne veut pas assumer. Puisqu'on est dans une société de consommation on ne va pas se gêner pour jeter des "meubles". Heureusement qu'il y a malgré tout des refuges avec des bénévoles qui se dévouent pour apporter un peu de tendresse à ces délaissés et favoriser leur adoption.

Comment imaginer qu'un animal maltraité ou abandonné puis enfermé dans un refuge puisse faire confiance d'emblée et systématiquement lorsqu'un visiteur se pointe ? Et pourtant ce malheureux animal est prêt à essayer de redonner son coeur pourvu qu'on lui ouvre la porte d'un foyer chaleureux. Et là une belle histoire d'amour peut débuter

Par Lydie Husson, le 21-07-2012

Bonjour,
Effectivement, il est impossible de juger un pauvre Chien abandonné pour des raisons bien souvent mensongères, à qui est faite une fiche qui ne correspond aucunement à ce qu'est vraiment ce chien emprisonné injustement !
Le comportement d'un Chien derrière une grille dans une cage de chenil est beaucoup trop souvent faussée pour des raisons X ou Y !
Ne vous fiez jamais aux apparences, même si certains aboient, sautent dans tous les sens, "montrent les crocs", dans leurs cages, il en sera complètement différent à l'extérieur (air libre) !
N'hésitez donc surtout pas à venir chercher votre ou vos compagnons dans un refuge, et demandez à ce que l'on vous le présente à l'extérieur de sa cage, vous serez agréablement surpris !!
Ils vous attendent tous, tatoués ou pucés, vaccinés, venez nous voir dans les refuges au lieu d'acheter des Chiens dans des magasins qui sortent on ne sait trop d'ou !!!!!!!!!!!!
Redonnez le bonheur à ces pauvres Chiens rejettés par des humains inconscients, et tout le monde sera heureux !!
Merci d'adopter et de ne pas acheter ce qui encourage les traffics de plus en plus nombreux !!!!
MERCI PÖUR EUX et BIENVENUE DANS NOS REFUGES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Par moeremans, le 18-02-2012

comme je suis d'accord avec ce que vous dites !... si seulement tout le monde pouvait penser comme vous et prendre le temps de s'attarder sur un toutou un peu "fou" derrière les barreaux mais qui s'avèrera etre le plus doux et fidèle compagnon,avec de l'attention, de la patience et de l'amour... ces pauvres abandonnés ne peuvent pas exprimer leur douleur, ce qu'ils ont vécus, se retrouve dans un petit enclos sans savoir pourquoi, il y a de quoi enrager et déprimer. Pourtant en y réfléchissant chez les "humains" ce sera pareil, en fonction du caractère de la personne. Alors pourquoi leur coller une étiquette sur une simple impression ? et aussi comme chez les "humains" ils auront leurs "tetes", et se sentiront ou non en confiance, quand un adoptant éventuel passera devant leur cage. merci à votre refuge d'exister pour le bien de ces animaux.