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VOCATION ANIMALE

Le Bestiaire du JPA


La chronique de Brigitte Piquet Pellorce, administratrice à la SPA*

Chronique numéro 7 du lundi 19 septembre 2016

Vingt trois ans au coeur de la cellule anti-trafic. (le début).

Existant depuis janvier 1992, mais officialisée un an plus tard par les membres du conseil d'administration de la S.P.A. sous l'impulsion de Jacqueline FAUCHER, alors présidente, la dénomination de « cellule » fut donnée à ce service par l'un des administrateurs, colonel de gendarmerie.

A cette époque, les appels téléphoniques et les courriers de propriétaires d'animaux volés ou disparus de façon inexpliquable parvenaient de plus en plus nombreux au siège de la S.P.A. Car si « l'affaire d'Agen », baptisée par les médias « la dog connection », a eu le mérite de révéler au grand public l'existence du trafic des chiens, elle a aussi permis à leurs propriétaires de sortir de l'isolement.

« Du trafic des campagnes au trafic en col blanc ».

Le 8 octobre 1987, lors d'un banal accident de la route, les gendarmes de Villeneuve sur lot découvrent des chiens dans le véhicule conduit par Jean-Claude LESSIEUX, docteur es- sciences et biologiste, patron d'une société spécialisée dans la fourniture d'animaux aux laboratoires médicaux et pharmaceutiques. Grâce à la sensibilité d'un gendarme à la cause animale, c'est le début d'une enquête instruite par le juge Jean-François DAUX, qui durera quatre ans et conduira vingt prévenus à la barre du tribunal correctionnel d'Agen en novembre 1991. Une affaire largement suivie par la presse, mobilisant l'opinion publique qui découvre avec stupeur la sordide réalité du trafic des chiens organisé en pyramide : à la base, les rabatteurs chargés de récupérer les animaux principalement dans le milieu rural et par tous les moyens.

Au second palier, les receleurs qui, pour la plupart, sous couvert d'élevage, entreposaient les chiens, procédant parfois à des échanges avec d'autres complices afin de mieux brouiller les pistes. Dans leur sillage, inévitablement, se trouvaient des vétérinaires complaisants qui sont les blanchisseurs. Puis au palier supérieur, les grossistes comme Jean-Claude LESSIEUX ou Richard MANDRAL, tous deux à la tête de réseaux concurrents, qui achètent des chiens volés pour les revendre avec l'apparence de légalité à certains laboratoires Qu'il s'agisse du voleur de base comme Emile BEAUGIER qui reconnaît le vol de 700 chiens en un an, de l'homme d'affaires comme Jean-Claude LESSIEUX ou de l'honorable professeur Paul MONTASTRUC, aucun d'entre eux n'a montré la moindre compassion envers les animaux qui sont qualifiés de chiens de casse, de rebut, de marchandise vendue au kilo. Ainsi, le cynisme de René PRABONNE qui fournit à LESSIEUX et à d'autres des chiens volés et chez lequel les gendarmes ont trouvé des oreilles tatouées et coupées pour éliminer toute idendification sur la provenance des animaux. Lors du procès, PRABONNE déclara que les 97 cadavres de chiens qui croupissaient au fond de son puits, et dont certains avaient le crâne fracassé ou portaient des traces de blessures par balle, « étaient tombés tout seuls, le puits étant mal protégé ». En fait, la majorité de ces animaux sont morts de malnutrition et de mauvais traitements infligés par ce tenancier de chenil qui, non content de receler des chiens volés, les massacrait quand il ne trouvait pas d'acheteur ou lorsqu'ils tombaient malade à cause des conditions effroyables de leur détention.

L'ABSENCE TOTALE DE SENSIBILITE ENVERS LES ANIMAUX ET L'APPAT DU GAIN PAR N'IMPORTE QUEL MOYEN SONT LES DOMINATEURS COMMUNS DE TOUS LES TRAFIQUANTS.

La mission première alors de la cellule anti-trafic était de retrouver les animaux volés et d'identifier les différents réseaux. En partant de rien cela ne fut pas facile. D'autant que les témoignages étaient souvent imprécis. Une collègue m'a rejoint l'été 1993 et notre première plainte importante fut déposée en décembre de cette même année auprès du procureur de la république de Béziers. Elle aboutira cinq ans plus tard à la condamnation du mis en cause, éleveur de chiens de chasse, dont la vie s'achevait pour beaucoup sur une table de vivisection.

Il est intéressant de noter que dans le code pénal : le fait de pratiquer des expériences ou recherches scientifiques ou expérimentales sur les animaux sans se conformer aux prescriptions fixées par décret en conseil d'état est puni des peines prévues à l'article 521-1. C'est à dire que si l'expérimentation animale est pratiquée avec les autorisations nécessaires il n'y a aucun problème, mais dans le cas contraire la société reconnaît qu'il s'agit d'acte de cruauté et de sévices graves et les santionne.....

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai vu les horreurs, souvent indicibles, infligées aux animaux. Il est difficile, après tout cela, d'être fière d'appartenir à l'espèce humaine. Mais le plus douloureux est de ne pas pouvoir venir à leur secours dans l'immédiat et parfois de ne jamais y parvenir. Les cris, les appels muets au secours hantent encore ma mémoire.

Aussi vous comprendrez que je sois légèrement agacée quand un membre du conseil d'administration, fraîchement débarqué, me donne des leçons de morale pour avoir osé dénoncer les conditions déplorables des transport de nos animaux. Je vous fait grâce de sa prose ampoulée et redondante.

Brigitte PIQUETPELLORCE*

* Tête de liste de l’équipe Action Animaux aux élections de « la SPA », Brigitte Piquet-Pellorce, ancienne responsable de la Cellule Anti-Trafic de la SPA pendant 22 ans est devenue administratrice de la Société Protectrice des Animaux le 25 juin 2016. Malgré la présence très minoritaire de son équipe au sein du conseil d’administration de la SPA (2 administrateurs sur 9) elle souhaite lutter contre TOUTES les maltraitances exercées à l’encontre de TOUS les animaux. Va-t-elle réussir à imposer sa vision de la protection animale au groupe de Natacha Harry ? Elle vous donnera des nouvelles de son combat pour les animaux chaque lundi…

Illustrations Caroline Tassigny

Les autres chroniques de Brigitte Piquetpellorce:

  • Chronique numéro 1 du lundi 8 août 2016 : "Pour les animaux!"
  • Chronique numéro 2 du lundi 15 août 2016 : "les chiens"
  • Chronique numéro 3 du lundi 22 août 2016 : "chat échaudé..."
  • Chronique numéro 4 du lundi 29 août 2016 : "le parti des p'tits lapins"
  • Chronique numéro 5 du lundi 5 septembre 2016 : "chat échaudé... même pas peur !"
  • Chronique numéro 6 du lundi 12 septembre 2016 : "A méditer..."
  • Chronique numéro 8 du lundi 26 septembre 2016 : "23 ans de cellule anti trafic" (2)
  • Chronique numéro 9 du lundi 3 octobre 2016 : "Les 3 pigeons"
  • Chronique numéro 10 du lundi 10 octobre 2016 : "Anne, ma soeur Anne !"
  • Chronique numéro 11 du lundi 17 octobre 2016 : "Un administrateur, ça ferme sa gueule ?"
  • Chronique numéro 12 du lundi 24 octobre 2016 : "Mes amis, on avance !"
  • Chronique numéro 13 du lundi 31 octobre 2016 : "Interdit aux adultes !"
  • Chronique numéro 14 du lundi 7 novembre 2016 : "LA BE GA ça rime ave S.P.A. !"
  • Chronique numéro 15 du lundi 14 novembre 2016 : "Super Cirque!"
  • Chronique numéro 16 du lundi 21 novembre 2016 : "Rien de nouveau pour les animaux!"
  • Chronique numéro 17 du lundi 21 novembre 2016 : "Savoir que vous existez !"
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    Vos réactions

    Par BONFANTE Danielle, le 25-09-2016

    Merci, Madame PiquetPellorce (ainsi qu'à l'auteur de ce JPA) pour vos chroniques, particulièrement celles liées à la Cellule Anti-Traffic... Merci surtout d'être ce que vous êtes ! Danielle